Ce jour-là, il (ou elle*) eut par hasard connaissance d’un titre publié par l’Écho de la boucle. Ce titre était très différent de ce à quoi la presse en ligne l’avait habitué. Aussi décida-t-il, intrigué, d’entamer la lecture de l’article afférent.
Dès les premiers mots, la possibilité offerte au lecteur de choisir le sexe du personnage principal (il ou elle) le laissa perplexe. L’emploi du passé simple et l’utilisation de mots rares comme « afférent » conférait à l’article un ton prétentieux assez désagréable qui n’en facilitait pas une lecture déjà bien alourdie par la complexité et la longueur excessive de certaines phrases.
Il poursuivit pourtant et fut bientôt gagné par une troublante impression de déjà-vu. Cette sensation se mua subitement en certitude lorsqu’il réalisa que l’unique protagoniste de cet article n’était autre que celui qui était en train de le lire – c’est à dire lui-même !
Le troisième paragraphe était à cet égard très explicite, et le suivant – bien que fort court – enfonçait encore le clou.
Ayant désormais pris la juste mesure de la duplicité de son rôle (lecteur et sujet principal de l’article), il se dit que vraiment, certains avaient l’esprit sacrément tordu pour écrire des choses aussi vaines et désolantes. Il avait bien perdu son temps !
Puis il se ravisa, prenant conscience qu’il n’était pas donné à tout le monde de faire l’objet d’un article de l’Écho de la boucle. Il pouvait en éprouver une légitime fierté.
Il décida alors de partager l’article. Ce qui fit le bonheur de nombreuses personnes parmi ses connaissances. Chacun s’y reconnût et s’enorgueillit de cet instant de gloire inespéré.
Sauf bien sûr quelques esprits chagrins qui ne comprirent absolument rien.
*nous poursuivrons avec un « il » impersonnel et asexué
La rédaction