Tous les Bisontins ont en mémoire la rocambolesque histoire de la Bentley abandonnée au premier niveau du parking de la mairie de Besançon. Pendant près de 8 ans, cette mystérieuse voiture avait cristallisé tous les fantasmes et fait l’objet de toutes les spéculations. C’est suite à la réfection du sol de la mairie que le propriétaire anglais − contacté par les services de la ville − s’était finalement manifesté et avait déplacé son véhicule de luxe.
La même aventure survenue ces derniers jour sur le parking Chamars prêterait à sourire si le principal protagoniste n’était un enfant âgé de seulement 6 mois au moment des faits.
Une découverte stupéfiante
Rappelons d’abord qu’après plus de 50 ans de bons et loyaux services offerts gratuitement aux Bisontins, le parking Chamars est devenu intégralement payant à la fin de l’été dernier, suite à la mise en place du nouveau plan de circulation lié à la mise en service du tramway.
Aussi, pour rénover l’enrobé du parking et y effectuer de nouveaux traçages, un recensement des « véhicules ventouses » a été réalisé par les services de la mairie. Ainsi, a-t-on identifié quatre véhicules abandonnés. Trois étaient hors d’usage et ont pris la direction de la casse. Mais le cas du quatrième − une Renault 12 bleue garée tout au fond du parking − a vite intrigué les agents municipaux. D’abord parce que ce type de véhicule n’est plus très courant en 2014. Ensuite parce que sa carrosserie avait presque intégralement disparu sous un épais tapis de feuilles mortes et de déjections de corbeaux. Après avoir dégagé une fenêtre latérale pour regarder à l’intérieur, les agents de la ville ont eu la surprise de découvrir que l’habitacle était occupé par un jeune homme qui semblait n’en être pas sortie depuis bien longtemps.
La Police nationale, immédiatement appelée sur les lieux, a rapidement retrouvé le propriétaire du véhicule grâce à la plaque d’immatriculation. Celui-ci s’est souvenu avoir effectivement possédé une R12 bleue dans sa jeunesse, l’avoir stationnée sur un parking de Besançon un soir de juin 1996 et l’y avoir laissée − car il avait trop bu. La mémoire du propriétaire de la R12 s’est toutefois montrée plus sélective au sujet de cet enfant dont il n’a pas beaucoup de souvenirs et qu’il avait vraisemblablement oublié ce soir-là à l’intérieur du véhicule, alors qu’il n’était encore qu’un bébé de 6 mois !
Une enfance différente
Heureusement, l’enfant très précoce a vite développé un sens prononcé de l’autonomie. Il s’est adapté à son nouvel environnement. Écoutant l’autoradio pour s’instruire. Se nourrissant des divers restes alimentaires abandonnés sur le sol du véhicule, dans la boîte à gants et dans les plis des sièges. S’abreuvant de la pluie abondante tombant sur notre ville et qui s’écoulait au goutte à goutte par une fenêtre entrouverte. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le pauvre garçon semble s’être développé harmonieusement malgré son terrible isolement.
N’ayant plus d’obligations légales vis à vis de son enfant désormais majeur, le propriétaire de la Renault 12 a préféré ne pas s’immiscer directement dans la vie du jeune adulte. C’est donc par voie d’huissier qu’il lui a fait notifier son expulsion de cette Renault 12 qu’il se dit follement heureux d’avoir récupérée, tant elle lui rappelle sa jeunesse insouciante.
La rédaction