En France, chaque année, une centaine de personnes disparaissent lors du passage à l’heure d’été parce qu’elles n’ont pas respecté des précautions pourtant élémentaires.
Marie-Karine Joly dirige le laboratoire de chrono-environnement de l’Université de Bourgogne Franche-Comte. Elle étudie le phénomène des « disparus de l’heure d’été » depuis plusieurs années. Elle a accepté de répondre à nos questions alors que 8 disparitions ont déjà été signalées ce matin dans notre région.
Combien de personnes disparaissent chaque année lors du passage à l’heure d’été ?
En 2015, on a relevé 87 disparitions. En 2014, 94. Chaque année, ce sont entre 70 et 100 personnes qui disparaissent mystérieusement au moment du changement d’heure.
Dans quelles circonstances ces disparitions se produisent-elles ?
Le phénomène se produit dans des circonstances très particulières et il n’est heureusement pas systématique. Nous avons identifié deux types de comportements qui sont à l’origine de 90% des disparitions : aller aux toilettes et prendre un ascenseur.
Comment peut-on disparaître en allant aux WC ?
Dans la plupart des cas, il s’agit d’une personne qui se rend aux toilettes quelques instants avant le changement d’heure, disons par exemple à 1h58 du matin. Elle aurait dû en ressortir quelques minutes plus tard, mettons à 2h03. Or, durant ce court laps de temps, s’est produit le passage à l’heure d’été : à 2 heures du matin, nous sommes directement passés à 3 heures. L’heure à laquelle la personne aurait dû quitter les toilettes n’a donc pas eu lieu et cette femme ou cet homme n’en sortira plus.
Mais où sont passés ces gens ?
On ne le sait pas. On n’a jamais retrouvé le moindre indice sur les lieux d’une disparition. C’est comme s’ils s’étaient volatilisés. La seule hypothèse crédible est celle d’un vortex spatio-temporel dans lequel les disparus seraient restés bloqués.
Certains ont-ils réapparu ?
Oui. Il arrive que des disparus réapparaissent lors du passage à l’heure d’hiver suivant. À Nantes, une femme qui avait disparu en mars dans un ascenseur en est ressortie sept mois plus tard, en octobre. Hélas ! ces réapparitions représentent moins de 1% des cas.
Quelles précautions faut-il prendre lors du passage à l’heure d’été ?
Elles relèvent du bon sens et nous les répétons chaque année : les gens doivent absolument éviter de se rendre aux toilettes ou de monter dans un ascenseur durant les minutes précédant le changement d’heure.
Le passage à l’heure d’été a eu lieu la nuit dernière. Des disparitions ont-elles déjà été signalées ?
On a déjà un premier chiffre pour la Bourgogne Franche-Comté : 8 disparitions inexpliquées ont été signalées ce matin auprès des gendarmeries et commissariats de police. Mais dans toute la France, il y en aura malheureusement près d’une centaine comme chaque année. Vous n’avez pas idée du nombre d’imbéciles qui prennent l’ascenseur ou se lèvent pour uriner à deux heures du matin malgré les risques !
La rédaction
Crédits image : Jesse Krauß
Et ne parlons même pas des nombreux cas étranges qui surviennent lors du passage à l’heure d’hiver… Il y a quelques années, une soif irrésistible m’a réveillé vers 2h55. Je suis donc allé dans la cuisine, j’ai ouvert mon frigo et décapsulé une canette de cola pour en boire deux-trois gorgées. Seulement, lorsque je suis retourné me coucher, une dizaine de minutes plus tard, j’ai eu la frayeur de ma vie en découvrant que quelqu’un dormait tranquillement à ma place, dans mon lit. Je me suis approché en essayant de faire le moins de bruit possible…quelle ne fût pas ma surprise en constatant que l’homme qui était allongé à ma place me ressemblait comme deux gouttes d’eau ! J’ai alors décidé de tenter une expérience…. Je suis allé dans le salon pour me coucher dans le canapé. Et environ une heure après, j’étais réveillé par mon double qui lui aussi s’était réveillé pour aller boire un coup, avait découvert une copie de lui-même dans mon lit et avait décidé d’aller se coucher dans le canapé. On a alors sympathisé et on s’est mis d’accord pour arrêter le cycle. On a donc réveillé, sans se faire voir, le troisième nous-même aux alentours de 2h30. Il est allé se désaltérer et dix minutes après il dormait innocemment et sans se douter de rien. Bon, le lendemain, ça n’a pas été facile de lui expliquer ce qui était arrivé la nuit…