Le retour du Grand Canal prévu pour 2015

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Depuis plusieurs semaines déjà, des fuites émanant du ministère de l’Industrie évoquaient une remise en chantier imminente du canal Rhin-Rhône. Cette fois-ci, c’est confirmé, le décret ministériel publié ce jour au Journal Officiel entérine le démarrage des travaux du « Grand Canal ».

Rappelons que ce projet longtemps controversé avait finalement été abandonné en 1997 sous la gouvernance de Lionel Jospin. Depuis, dix-sept ans sont passés et beaucoup d’eau semble avoir coulé sous les ponts. Les tractations ont certes été vives entre le Gouvernement et les écologistes, mais après d’âpres négociations, un compromis a finalement été trouvé : la construction du Grand Canal se fera en contrepartie d’un démantèlement total de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Le Grand Canal contre Fessenheim

Un député écologiste de la 2ème circonscription du Doubs qui préfère conserver l’anonymat, nous confie : « Il ne faut pas réduire l’écologie politique à une lutte passéiste pour la conservation des paysages. Le creusement du Grand Canal modifiera profondément la vallée du Doubs mais si cela peut permettre une réduction de notre dépendance au nucléaire, nous y sommes favorables. Et imaginez un peu cette magnifique véloroute que l’on va pouvoir créer le long du canal ! »  Il rajoute : « Ne cherchons pas à noyer le poisson. Le Grand Canal reste la meilleure solution pour pouvoir transporter jusque dans le Rhône les gravats radioactifs issus de la centrale de Fessenheim édifiée au bord du Rhin. » 

Force est de constater que sans possibilité de transport par voie fluviale, le seul moyen pour déplacer les gravats aurait été la route ou le chemin de fer, avec tous les risques encourus. Personne ne souhaite voir se produire en France une catastrophe humaine et environnementale comme celle de Lac-Megantic au Canada, en juillet 2013.

Un militant bisontin très impliqué dans la lutte contre le nucléaire précise : « les gravats radioactifs ainsi transportés seront directement déversés depuis les péniches dans un bras mort du Rhône ». Crise économique oblige, c’est en effet cette solution naturelle et efficace qui a été retenue pour se débarrasser de ces déchets encombrants et polluants.
Quand on évoque un risque de contamination du fleuve, le militant esquive : « Bah… ce sont des déchets d’une durée de vie assez faible. De l’ordre d’à peine 500 ans. Et puis, ce n’est quand même pas la mer à boire ! De toute façon, vous connaissez beaucoup de personnes qui se baignent dans le Rhône ou qui y pêchent des poissons ? Et puis l’essentiel, en définitive, c’est que les déchets ne soient pas stockés dans notre belle région, n’est-ce pas ? »

« Nous avons parfaitement pris en compte la santé de ces gens »

À ceux qui objectent que les péniches transportant les gravats radioactifs pourraient irradier les populations présentes à proximité du Grand Canal, un responsable du ministère de l’Industrie nous répond : « Il est exact de dire que les matériaux transportés présentent une source d’émission radioactive non négligeable. Toutefois, les péniches seront en mouvement et la contamination des riverains sera brève et comparable à celle à laquelle ils sont soumis lors d’une radiographie aux rayons X. Et puis on voit rarement des randonneurs assis sur les bords du Doubs regardant passer les péniches des journées entières ».
Lorsque l’on aborde le principe de précaution et le cas particulier des personnes habitant près du Grand Canal, le responsable du ministère se veut rassurant : « Nous avons parfaitement pris en compte la santé de ces gens : les habitations situées en deçà de la zone de sécurité de 50 mètres de part et d’autres du canal seront rasées afin d’éviter tout risque d’irradiation prolongée. Des dérogations seront toutefois délivrées au compte-gouttes pour les personnes en fin de vie qui n’auront pas le temps – quoi qu’il arrive – de déclarer une leucémie, même en cas d’exposition prolongée ».

Signe d’une époque décomplexée, de nombreux comités de soutien au Grand Canal fleurissent dans la région. On peut déjà remarquer sur certains véhicules l’autocollant de l’association bisontine GROPD (Groupement Régional Organisé Pour le Développement).
Une manifestation de soutien et d’information est d’ores et déjà prévue à Besançon le dimanche 8 Septembre, sur la place du même nom.

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La rédaction

Crédits photo : L’Écho de la boucle

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