Jean-Marc a 31 ans. Hier soir, il décide d’installer une petite tente devant un bureau de tabac du quartier des Chaprais, à Besançon. « Je voulais être là à l’ouverture pour acheter Charlie Hebdo. Hier je suis arrivé trop tard.»
La nuit est difficile car Jean-Marc a amené avec lui le sac de couchage qu’il utilise habituellement en août, lors de ses vacances au Grau-du-Roi. Une protection peu adaptée au froid de janvier dans notre région. « J’ai eu très froid et le sommeil n’est pas venu. J’ai joué à Candy Crush pour m’occuper. »
À 6 heures du matin, Jean-Marc plie sa tente et mange le sandwich au saucisson préparé la veille. Il lui faut encore patienter durant une heure et demie − le nez collé à la porte du bureau de tabac − afin d’être certain que personne ne lui grille la priorité. Jean-Marc a le temps d’assister à l’arrivée des livreurs de journaux et au déchargement des piles de revues et de journaux du jour.
Vers 7 heures, il aperçoit à l’intérieur le buraliste qui met en place les Charlie Hebdo. Jean-Marc est excité. Derrière lui, se forme déjà une queue d’une cinquantaine de personnes.
7h30. Le bureau de tabac ouvre enfin ses portes. Jean-Marc s’engouffre à l’intérieur. Il est le premier. Il touche au but. « Je suis arrivé devant le buraliste et là, je sais pas trop ce qui m’a pris : je lui ai demandé l’Équipe. Sûrement à cause de l’habitude. C’est idiot car je m’en suis aperçu qu’après être sorti. Y’a plus qu’à réessayer demain. »
Pas grave Jean-Marc. Certains sont plus foot que Charlie, voilà tout.
La rédaction
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