Face à la polémique entretenue par l’opposition municipale, la ville explique que l’installation d’un sapin petit et tordu sur la place de la Révolution relève d’un choix de société clairement assumé.
Le majestueux sapin qui dominait d’ordinaire la place de la Révolution lors des festivités de fin d’année n’est plus qu’un lointain souvenir. Cette année, l’arbre qui trône au milieu du marché de Noël a des dimensions que nous qualifierons au mieux de modestes. Quant à sa silhouette, les plus indulgents la qualifient « d’inhabituellement asymétrique », quand les plus véhéments évoquent sans ambages « un vilain sapin tordu ».
Les décorations de l’arbre font elles aussi grise mine : beaucoup moins nombreuses et originales que les autres années, elles ne suffisent pas à camoufler les défauts esthétiques du malheureux sapin.
L’arbre de Noël victime des restrictions budgétaires ?
L’opposition municipale n’a pas tardé à s’emparer de la polémique et à l’alimenter par le biais d’un communiqué largement diffusé sur les réseaux sociaux :
Victime de la crise économique, des restrictions budgétaires et surtout des dépenses fastueuses organisées pour l’inauguration du tramway, le budget que la ville de Besançon consacre habituellement aux fêtes de fin d’année, a fondu comme neige au soleil. Les caisses sont vides et des choix douloureux ont dû être faits. Ce sapin miséreux en est à la fois la conséquence et le symbole parfait. L’opposition municipale conteste ce choix et demande l’installation urgente d’un sapin digne de la capitale régionale qu’est et doit demeurer notre ville.
Kevin-Jean Mouron (conseiller municipal FN) a même diffusé sur Facebook une anecdote que lui aurait rapportée un supposé agent municipal préférant-rester-anonyme : « (…) lors de la vente annuelle des sapins de Noël organisée par l’ONF (Office National des Forêts), la ville de Besançon – d’ordinaire si prompte à renchérir sur les plus beaux spécimens – a laissé partir tous les sapins dignes de ce nom vers d’autres villes. Dijon en a honteusement profité pour asseoir sa réputation de future capitale régionale en s’offrant le plus grand et le plus bel arbre mis en vente. Bons princes, les responsables de l’ONF ont alors offert gracieusement à la ville de Besançon un sapin déclassé qui aurait dû finir en bois de chauffage ! »
Des rumeurs infondées mais un choix de société assumé
D’après Luc Morand-Vilain – adjoint chargé des animations festives – les allégations des élus de l’opposition sont totalement infondées. « Certains devraient d’ailleurs prendre garde aux rumeurs qu’ils diffusent car certaines sont clairement diffamantes. »
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’achat de ce sapin petit et tordu est un choix totalement assumé par la ville. C’est Martine Dorimon – l’adjointe en charge de la diversité et du bien-être social – qui nous en donne l’explication : « À l’approche de Noël, la télé, Internet et tous les journaux nous abreuvent d’images de sapins magnifiques. Ces arbres sont tous majestueux, parfaitement proportionnés et bien verts. Mais il faut savoir que toutes ces photos sont généreusement retouchées sur Photoshop. Les défauts des arbres sont gommés, on rend leur vert plus intense et on y ajoute de la brillance. C’est une tromperie généralisée ! Faites donc une balade en forêt : vous n’y trouverez aucun sapin qui ressemble à ces images idéalisées ! »
D’après Mme Dorimon, l’installation de ce sapin « imparfait » s’inscrit dans une démarche philosophique et éducative souhaitée par la ville. « (…) C’est un vrai choix de société car nous avons une responsabilité vis à vis du développement socio-affectif des jeunes Bisontins. L’omniprésence de ces images trompeuses fausse totalement la représentation du sapin dans l’esprit de ces jeunes. Cela met en péril leurs relations futures avec le milieu forestier. »
Et de conclure : « Au moins, place de la Révolution, ils ont l’occasion de découvrir un vrai sapin : pas trop grand, pas trop droit, pas trop vert et – à vrai dire – plutôt moche. Comme dans une vraie forêt quoi. »