Le sinistre trafic que viennent de mettre au jour les gendarmes de Maîche durait probablement depuis plus de trente ans. La famille P., installée dans une ferme du plateau maîchois (Doubs) y élevait des vaches sur une trentaine d’hectare de pâture depuis au moins trois générations. Une situation qui n’a rien d’exceptionnel dans cette région où les élevages bovins sont nombreux. Mais les étranges va-et-vient quotidiens du bétail n’ont pas échappé à la vigilance d’un retraité vivant à proximité de l’élevage. Intrigué par « des choses pas très claires observées à la jumelle », l’homme se rend à la gendarmerie pour y faire part de ses soupçons. Des éléments que les gendarmes prennent très aux sérieux puisqu’ils effectuent une perquisition dans la ferme de la famille P. quelques jours plus tard. C’est à l’intérieur de l’étable qu’ils mettront la main sur les preuves irréfutables du drame qui se jouait là depuis de nombreuses années. Les éleveurs, confondus, sont rapidement passés aux aveux : oui, ils fixaient chaque jour des pompes mécaniques sur les pis des malheureuses vaches afin de leur soutirer leur lait. Oui, ce lait, dont ils privaient les petits veaux, était ensuite vendu à un réseau qui le transformait en fromage. Oui, des veaux étaient arrachés à leur mère pour être vendus puis abattus et consommés par des humains.
Les voisins les plus proches se disent aujourd’hui consternés et choqués : « On ne se serait jamais doutés d’un truc pareil. C’était des gens gentils qui semblaient aimer leur bétail. Penser qu’ils exploitaient ces pauvres bêtes est effroyable ! »
La rédaction